A l’époque du sultan mamelouk Barsbaï, mort en 1438, les biens du père d’Aboul Mahsin furent confisqués et il ne resta plus à l’héritier que le palais de l’émir Mangak où il était né. Mais le palais se retrouva alors vide et délabré. Aboul Mahsin ne se plaignit jamais de cette situation de pauvreté.
Au contraire, il écrivit alors: “Nous restâmes pauvres, mais Dieu ne nous a pas abandonné, car nous avons reçu une très belle éducation, sans posséder de fortune immobilière ou foncière” (“Noudjoum”, VI, 435).
Aboul Mahsin respectait la pauvreté et aimait la simplicité. Nous le voyons ainsi s’attendrir sur un magistrat qui faisait son marché lui-même, suivi de son domestique monté sur sa mule (“Noudjoum”, VII, 381).
Aboul Mahsin fut un grand historien. En général, les écrivains arabes étaient plutôt des chroniqueurs, parfois dans un style ampoulé, utilisant fréquemment des images fleuries et hyperboliques pour recouvrir la banalité des faits. Il était souvent difficile de discerner l’exactitude dans leurs récits.
Aboul Mahsin fut très différent de ces chroniqueurs. A l’aide d’un style simple, il faisait revivre ses personnages, mettant en valeur un trait de caractère ou un détail de physionomie. Evidemment, il y avait dans ses récits trop de nominations à de nouveaux postes, trop de révocations, trop de mises en disponibilité, trop de condamnations à mort, etc... Tout cela était dû au régime des sultans mamelouks. Toutefois, Aboul Mahsin eut des pages magnifiques sur la politique intérieure de l’Egypte, caractérisée par des désordres lamentables, et sur la civilisation artistique en plein essor à cette époque.
Dans les deux ouvrages qu’Aboul Mahsin a écrits, les “Noudjoum” et le “Manhal”, les biographies de centaines d’officiers mamelouks furent campées d’une manière très réaliste.